Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/97

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Ne gâtons pas la vie, à force de raison,
En noircissant toujours son fragile horizon
Des nuages fiévreux, que la crainte y devine.
Jamais, comme on le croit, le sort ne les combine,
Et l’orage souvent, qui dut tout ravager,
Improvise un Eden au milieu du danger.
Faut-il trembler, l’été, de l’hiver qui s’apprête,
Et parce qu’on vieillit, courber sa jeune tête !
Si je vois, quand l’automne a jauni le gazon,
Quelque rose attardée émailler un buisson,
Irai-je, en son berceau, lire sa fin prochaine ?
Sans songer que la nuit va, de sa froide haleine,
Tarir de ses parfums le calice vermeil,
D’un œil reconnaissant j’en rends grâce au soleil.
Le vent peut déflorer son frêle diadême ;
Mais je me garde, au moins, de l’effeuiller moi-même.

Lorsque le rossignol, sous le dôme des bois,
Laisse tomber, le soir, la fraîcheur de sa voix,