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ALBUM DE LA MINERVE.

Pétrini comprit cette exclamation et surtout l’expression du regard qui l’accompagnait. Il en fut franchement heureux.

— Allons, se dit-il, le mal des uns fait le bien des autres : il ne s’agit que de savoir en profiter.

Cependant on avait réussi à éteindre complètement l’incendie en achevant de jeter par terre la construction enflammée.

On ne voyait plus qu’une fumée épaisse et noirâtre qui s’échappait des débris à demi consumés et inondés par l’eau de la citerne.

Toute ombre de danger avait disparu, mais l’entrain était mort : Les invités se retirèrent peu à peu et bientôt il ne resta plus dans les salons qu’un ou deux joueurs attardés en quête d’une canne ou d’un chapeau.

Quand Giacomo vint souhaiter le bonsoir à Maximus, celui-ci lui saisit la main d’un air ému :

— Mon ami, lui dit-il, et sa voix tremblait — vous avez exposé vos jours pour sauver les nôtres et vous avez arraché ma pupille à une mort éminente ; moi Maximus Crépin, je vous en remercie publiquement ; vous pouvez maintenant considérer cette maison comme la vôtre ; vous aviez mon estime et mon amitié, vous venez de gagner ma reconnaissance, et la reconnaissance de Maximus Crépin n’est pas un vain mot.

Ce petit speech avait été dit dans le vestibule en présence d’une vingtaine de personnes qui approuvèrent avec éclat.

— Je n’ai fait que mon devoir dit Pétrini en mettant la main sur son cœur ; mais vos paroles, monsieur me sont une bien douce récompense, et croyez bien que je ne les oublierai jamais.

Enfin le roulement de la dernière voiture s’éteignit dans l’avenue et le château rentra dans l’ombre et le silence.

(À continuer.)