Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/123

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toujours le genre féminin à se moquer du genre masculin, et quand elle va jusqu’à lancer son :

 
Un cœur que l’on veut tout !


c’est qu’elle est convaincue que, sur ce mot, Tartuffe va jeter le masque, qu’Orgon va sortir de sa cachette, et que tout sera fini !

Mais elle oublie deux choses, la lubricité de Tartuffe, et sa méfiance. Oh ! c’est un homme pratique que Tartuffe ! Il ne se contente pas de mots. Il lui faut des preuves palpables. Il veut un peu de faveurs. Voilà Elmire prise à son propre piège ! Elle appelle son mari à l’aide... Elle secoue le tapis... rien ! Elle frappe sur la table... rien ! Elle tousse... rien ! Il ne bouge pas... et Tartuffe ne s’arrête pas ! Furieuse contre Orgon, elle se débat dans un embarras comique entre ce silence et ces instances ; jusqu’à ce qu’à bout de ressources, elle imagine le moyen de défense le plus imprévu. Elle envoie Tartuffe se promener un peu au dehors ! Sous quel prétexte ? De peur qu’on ne les surprenne.

 
Voyez, je vous prie,
Si mon mari n’est pas dans cette galerie.


A peine est-il dehors, qu’elle court à la table, dont Orgon soulève le tapis, et, à sa vue, elle éclate en sarcasmes moqueurs :