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l’intérêt ni l’action ne s’arrêtent un instant ; le rôle d’Egysthe est tout vibrant de fierté et de jeunesse. Le personnage de Polyphonte, qui eût si facilement tourné au tyran, est traité avec une adresse et une force qui en ôtent l’horreur et y laissent régner la terreur. Cette mère forcée, pour sauver son fils, d’épouser le meurtrier de son mari, et l’intervention du jeune homme, donnent au dénouement quelque chose d’épique.

Mérope n’est pourtant pas la pièce la plus originale de Voltaire, mais aucune ne réunit au même degré l’art de la composition et le talent de l’exécution. Je m’étonne que l’école romantique n’ait pas fait grâce à Mérope, ne fût-ce que pour le mérite d’avoir inspiré Lucrèce Borgia. Osons le dire, Victor Hugo, dramaturge, est bien plus l’élève de Voltaire qu’il ne le croit, et bien moins l’élève de Shakespeare qu’il ne le dit.

Un dernier exemple, une dernière pièce, dont le titre seul a quelque chose d’intéressant et de curieux, l’Orphelin de la Chine, doit nous arrêter un peu plus longtemps.

1755. L’Orphelin de la Chine.

Nous sommes au XIIIe siècle. L’empire de la