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CHAPITRE XV

UN POST-SCRIPTUM


Je n’ai pas eu le courage d’interrompre ce récit d’une vie si poétique et si pathétique, même pour laisser parler l’artiste elle-même, mais, j’ai besoin d’y ajouter maintenant quelques fragments de lettres, qui seront une sorte de pièce justificative, un garanti ressemblant, mis au bas du portrait.

J’ai dit qu’elle portait légèrement son art et sa gloire. Or voici ce que je lis, dans une lettre datée de Naples, en 1834, deux ans avant sa mort : « Je suis la plus heureuse des femmes ! L’idée de changer de nom me fait tant de bien ! Ma santé est parfaite, et quant à ma fatigue du théâtre, c’est, pour moi, un sorbet ! »

Dans une autre lettre elle ajoute, avec la singularité d’expressions qui lui était propre : « Ma voix est stentoresque, mon corps felstaffique, mon appétit cannibalien. »

L’annulation de son mariage avec M. Malibran fut la grande affaire de sa vie. Elle la poursuivit pendant plusieurs