Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VII

La mise en scène, surtout dans la comédie, est encore un art tout moderne. Autrefois, l’auteur écrivait bien sur son manuscrit : La scène se passe dans un salon, mais rien ne s’y passait comme dans un salon. D’abord on ne s’y asseyait pas. Vous vous rappelez encore les acteurs du Théâtre-Français, venant réciter leurs tirades, tout debout, à côté l’un de l’autre, devant le trou du souffleur. Un homme d’esprit, devenu depuis un personnage officiel, voulut inaugurer, rue Richelieu, ce qu’il appela la comédie assise. Malheureusement, sa pièce tomba, et la comédie assise se trouva une comédie par terre. Scribe, un des premiers, jeta sur la scène toute l’animation de la vie réelle. La nature de son talent l’y forçait. Ses comédies vives, alertes, pleines d’incidents et de péripéties soudaines, ne pouvaient s’accommoder de la sobriété de mouvement du théâtre d’autrefois. En réalité, un manuscrit de Scribe ne contient qu’une partie de son ouvrage, la partie qui se parle ; le reste se joue ; les gestes complètent les mots, les silences font partie du dialogue, et les petits points achèvent la phrase.

Avez-vous jamais comparé la ponctuation d’une pièce de Scribe avec celle d’une pièce de Molière ? Dans Molière,