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Mahérault, vous serez mon ministre de la guerre. »

La mort du prince coupa court à ces brillantes espérances.

En 1848, la République le trouva chef de division et le nomma secrétaire général, ce qui lui valut cette jolie lettre de Scribe :

« Mon cher secrétaire général,

Vive la République ! et ma femme ! et la tienne ! et Lisbeth ! et toute ta famille, qui est la nôtre, et nous remercions le gouvernement actuel, qui paye les dettes de la monarchie. A toi sous tous les règnes ».

En 1851, le général Saint-Arnaud voulut le comprendre dans la réorganisation du Conseil d’État, à une seule condition, c’est qu’il paraîtrait le soir à l’Élysée, à la réception du prince-président.

Mahérault répondit : « Si je n’ai pas de titres, cette visite ne m’en donnera pas ; si j’en ai, comme je le crois, la visite est inutile et la condition blessante ; je n’irai pas à l’Élysée. » Il n’y alla pas et il ne fut pas nommé. Tel était l’homme public.

Quant à son second rôle, celui de conseiller dramatique, il ne le joua qu’au profit d’un seul auteur ; mais il le joua en conscience. On peut dire que la gloire de Scribe fut un état pour Mahérault. Chaque matin, si pressée que fût sa besogne administrative, Mahérault montait chez Scribe en allant au ministère, et, bien entendu, le trouvait toujours au travail. La visite n’était le plus souvent que de quelques minutes ; le