Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/687

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astres ? ce sont des mondes ! des mondes comme le nôtre ! » L’enfant silencieux plongeait ses regards ardents et déjà profonds dans cet infini du ciel qui devait être un jour l’objet de toutes ses pensées. Il le contemplait avec un enthousiasme méditatif comme s’il y eût déjà vu la patrie future de son intelligence. Ne dirait-on pas saint Augustin et sa mère dans l’admirable tableau de Scheffer ? Malgré la différence des doctrines, c’est le même élan de pensée, c’est le même but. Le doigt de ces deux mères et le regards de ces deux enfants indiquent et cherchent le même point : le chemin qui conduit à Dieu.

L’enfance écoulée et l’adolescence venue, Reynaud continua ses études avec ses frères, d’abord au collège de Metz, puis à Paris. De 1823 à 1825, la noble mère eut la joie de voir ses trois fils entrer, dans le rang le plus honorable, l’un à l’École de marine, les deux autres à l’École polytechnique, d’où Reynaud, en 1827, sortit des premiers pour entrer à l’École des mines.

Le travail, on le sait, s’y divise en deux parts : dix mois par an d’études spéciales à l’École même ; deux mois de voyages à pied en France et en Europe, dans les grands centres d’exploitations minières. Reynaud se fit remarquer comme élève et comme voyageur. Comme élève, on me cite de lui un trait caractéristique.

A la fin de sa première année, pendant le temps des épreuves, il achevait un jour dans le laboratoire une analyse très délicate. Les substances qui formaient le sujet de l’analyse, bouillaient sur le fourneau, dans une capsule de platine, chauffée jusqu’au rouge. La fusion