Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/798

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Mes dix dernières années, et même les années qui précèdent, ne contiennent-elles donc aucun fait et aucun nom qui méritent d’être conservés ? J’espère que si. Écrirai-je ces souvenirs ? Certes, puisque j’ai déjà commencé. Les publierai-je ? Oh ! cela c’est différent ! Je n’en sais rien. D’abord, ces derniers récits auront peut-être un caractère plus intime qui me déconseillera de les publier. Puis, le Temps m’en laissera-t-il le temps ?

A l’époque de la vie où je suis arrivé, on a beau se sentir encore capable de travail, on sait bien qu’une minute suffit pour vous faire tomber la plume de la main. Quand ce moment viendra, j’espère avoir encore le cœur assez reconnaissant pour remercier la Providence du passé, pour jouir même du présent, et pour me conformer à ce distique, fait par moi, à mon usage :

 
                Veux-tu savoir vieillir ? Compte dans la vieillesse,
                Non ce qu’elle te prend, mais ce qu’elle te laisse.