Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 2.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Szibuig au ürnanlb. 121

tout le genre humain a tousjours donné dans l’opinion qu’il a du sentiment des bestes, je croy d’avoir fait voir que toute substance est indivisible, et que par conséquent toute substance corporelle doit avoir une ame ou au moins une Entelechie qui ait de l’analogie avec l’ame, puisqu’autrement les corps ne seroient que des phenomenes.

D’asseurer que toute substance qui n’est pas divisible (c’est à dire selon moy toute substance en général) est un esprit et doit penser, cela me paroist sans comparaison plus hardi et plus destitue de fondement que la conservation des formes. Nous ne connoissons que cinq sens et un certain nombre de métaux, en doit on conclure qu’il n’y a point. d’autres dans le monde ? Il y a bien plus d’apparence que la nature qui aime la varieté a produit d’autres formes que celles qui pensent. Si je puis prouver qu’il n’y a point d’autres figures du second degré que les sections coniques, c’est parce que j’ay une idée distincte de ces lignes, qui me donne moyen de venir a une exacte division ; mais comme nous n’avons point (l’idée distincte de la pensée, et ne pouvons pas demonstrer que la notion (Pune substance indivisible est la même avec celle d’une substance qui pense, nous n’avons point de sujet de l’asseurer. Je demeure d’accord que l’idée que nous avons de la pensée estclaire, mais tout ce qui est clair n’est pas distinct. Ce n’est que par le sentiment interieur, que nous connoissons la pensée (comme le P. Malebranche a déjà remarqué) ; mais on ne peut connoistre par sentiment que les choses qu’on a experimentées ; et comme nous n’avous pas experimenté les fonctions des autres formes, il ne faut pas s’estonner que nous n’en avons point d’idée claire, car nous n’en devrions point avoir, quand mêmes il seroit accordé qu’il y a de ces formes. C’est un abus de vouloir employer les idées confuses, quelques claires qu’elles soyent, à prouver que quelque chose ne peut estre. Et quand je ne regarde que les idées distinctes, il me semble qu’on peut concevoir que les phenomenes divisibles ou de plusieurs estres peuvent estre exprimés ou représentés dans un seul estre indivisible, et cela suffit pour concevoir une perception, sans qu’il soit necessaire d’at.tacher la pensée ou la reflexion à cette représentation. Je souhaitterois de pouvoir expliquer les differences ou degrés des autres expressions immaterielles qui sont sans pensée, à fin de distinguer les substances corporelles ou vivantes d’avec les animaux, autant qu’on les peut distinguer ; mais je n’ay pas assez médité là dessus, ny assez examiné la nature pour pouvoir