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42 Remarques sur la lettre de M. Arnaud.

parlant de plusieurs Adams, ’je ne prenois pas Adam pour un- individu détermine. Il faut donc que je m’explique. Et voicy comme je Pentendois. Quand on considere en Adam une partie de ses prédicats, par exemple, qu’il est le premier homme, mis dans un jardin de plaisir, de la coste du quel Dieu tire une femme, et choses semblables conçues sub ratione généralitatis (c’est à dire sans nommer Eve, le paradis et autres circonstances qui achevent l’individualité), et qu’on appelle Adam la personne à qui ces prédicats sont attribués, tout cela ne suffit point à déterminer l’individu, car il y peut avoir une infinité d’Adams, c’est à dire de personnes possibles à qui cela convient, différentes entre elles. Et bien loin que je disconvienne de ce que Mr. Arnaud dit contre ’cette pluralité d’un même individu, je m’en estois servy moy même pour faire mieux entendre que la nature d’un individu doit estre complète et déterminee. Je suis même tres persuadé de ce que S. Thomas avoit ’déjà enseigné à l’égard des intelligences, et que je tiens estre général, sçavoir qu’il n’est pas possible qu’il y ait deux individus entièrement semblables, ou differens solo numero. Il ne faut donc pas concevoir un Adam vague, c’est à dire une personne à qui certains attributs d’Adam appartiennent, quand il s’agit de déterminer, si tous les cvenemens humains suivent de sa supposition ; mais il luy faut attribuer une notion si complète, que tout ce qui luy peut estre attribué, en puisse estre deduit ; or il n’y a pas lieu de douter que Dieu ne puisse former une telle notion de luy, ou plustost qu’il ne la trouve toute formée dans le pays des possibles, c’est à dire dans son entendement.

Il s’ensuit aussi que ce n’auroit pas esté notre Adam, mais un autre, s’il avoit eu d’autres cvenemens, car rien ne nous empêche de dire que ce seroit un autre. C’est donc un autre. Il nous paroist bien que ce quarré de marbre apporté de Genes auroit esté tout a fait le même, quand on l’y auroit laissé, parceque nos sens ne nous font juger que superficiellement, mais dans le fonds a cause de la connexion des choses tout l’univers avec toutes nos parties seroit tout autre, et auroit esté un autre dès le commencement, si la moindre chose y alloit autrement qu’elle ne va. Ce n’est pas pour cela que les cvenemens soyent necessaires, mais c’est qu’ils sont certains après le choix que Dieu a fait de cet univers possible, dont la notion contient cette suite de choses. J’espere que ce que je vay dire, en pourra faire convenir Mons. Arnaud même. Soit