Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 4.djvu/317

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V. [1]

J’estime infiniment Monsieur des Cartes, et je connais la grandeur de son mérite, mais je ne conviens pas des exagérations de certaines gens, et je ne saurais approuver le Cartésianisme. L’Esprit de secte et l’ambition de celui qui prétend s’ériger en chef de parti fait grand tort à la vérité et aux progrès des sciences. Un auteur qui a cette vanité en tête tache de rendre les autres méprisables, il cherche à faire paraître leur défauts ; il supprime ce qu’ils ont dit de bon et tache de se l’attribuer sous un habit déguisé. Et il ne songe pas qu’en payant d’ingratitude ses prédécesseurs, il laisse un mauvais exemple à la postérité, et pourra être traité de même ; il [en]lève la gloire à ceux qui la méritent et rebute d’autres qui pourraient être animés par leur exemples à bien faire ; il fait naitre des jalousies et des contestations avec perte du temps précieux et du repos nécessaire pour les découvertes de conséquence.

Les sectateurs d’un tel auteur n’étudient ordinairement que les écrits du maitre au lieu du grand livre de la nature ; ils s’accoutument au babil, à des faux fuyants et à la paresse ; ils ignorent ce qu’il y a de bon chez les autres et se privent des avantages qu’ils en pourraient recevoir, car étant toujours déterminés à penser la même chose d’une même façon, ils ne trouvent jamais de vérités nouvelles, et cet esprit servile les tient enchainés, les rend d’ordinaire incapables de s’élever à des inventions et de faire des progrès de conséquence.

Tout ceci est arrivé à Descartes et à beaucoup de Cartésiens. Ce philosophe cherche d’abord à faire mépriser tous les autres ; il parle d'une étrange manière dans ses lettres des plus habiles hommes de son temps, et il paraît une vanité étrange dans ses expressions accompagnée de quelques finesses peu louables. Il cherchait avec passion d’entrer en lice avec les Jésuites, et prenait pour un mépris la réserve qu’ils firent paraître

  1. Voir https://archive.org/stream/diephilosophisc04leibgoog#page/n329/mode/1up