Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 4.djvu/532

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Philosophische Abhandlungen. 519 Je ne sçay si on le comprend assez bien. Personne ne connoist mieux que Mons. Bayle même, que c’est en cela que consiste la grande difficulté qu’il y a d’expliquer, pourquoy ce qui se passe dans le corps fait du changement dans l’ame, et que c’est ce qui a forcé les défenseurs des causes occasionnelles de recourir au soin que Dieu doit prendre, de repré¬ senter continuellement à l’ame des changemens qui se font dans son corps : au lieu que je croy que c’est la nature même, que Dieu luy a donnée, de se représenter en vertu de ses propres loix, ce qui se passe dans les organes. Il continue : Mais que son ame soit construite de telle façon, qu’au moment qu’ii est frappé, il sentiroit de la douleur, quand même on ne le frapperoit pas, quand même il continueroit de manger du pain sans trouble et sans empêchement, c’est ce que je ne sçaurois comprendre. Je ne me souviens pas aussi de l’avoir dit, et on ne le peut dire que par une fiction métaphysique, comme lorsqu’on suppose que Dieu anéantit quelque corps pour faire du vuide, l’un et l’autre estant également contraire à l’ordre des choses. Car puisque la nature de l’ame a esté faite d’abord d’une manière propre à se représenter successivement les changemens de la matière, le cas qu’on suppose ne sçauroit arriver dans l’ordre naturel. Dieu pouvoit donner à chaque substance ses phenomenes independans de ceux des autres, mais de cettd manière il auroit fait, pour ainsi dire, autant de mondes sans connexion, qu’il y a de substances ; à peu près comme on dit, que quand on songe, on est dans son monde à part, et qu’on entre dans le monde commun quand on s’eveille. Ce n’est pas que les songes mêmes ne se rapportent aux organes et au reste des corps, mais d’une manière moins distincte. Continuons avec Mr. Bayle. Je trouve aussi (dit il) fort incompatible la spontanéité de cette ame avec les sentimens de douleur, et en general avec toutes les perceptions qui luy déplaisent. Cette incom¬ patibilité seroit certaine, si spontané et volontaire estoit la même chose. Tout volontaire est spontané ; mais il y a des actions spontanées qui sont sans election, et par consequent qui ne sont point volontaires. 11 ne depend pas de l’ame de se donner tousjours les sentimens qui luy plaisent, puisque les sentimens qu’elle aura, ont une dépendance de ceux qu’elle a eus. Mons. Bayle poursuit :