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16 Leibniz und Locke.

mens, ny pour la practique de l'art de penser, de la decider ; soit qu’elles nous viennent toutes de dehors, ou qu'elles viennent de nous ; on raison- nera juste poui’veu qu’on garde ce que j’ay dit cy dessus, et qu’on procede avec ordre et sans prevention. La question de l’origine de nos idees et de nos maximes n’est pas preliminaire en Philosophie, et il faut avoir fait des grands progrès pour la bien resoudre. Je erois cependant de pouvoir dire que nos idées, même Celles des choses sensibles, viennent de nostre propre fonds, dont on pourra mieux juger par ce que j’ay public touchant la nature et la communication des substances, et ce qu'on appelle Funion de Tarne avec le corps. Car j’ay trouvé que ces choses n’avoient pas este bien prises. Je ne suis nullement pour la Tabula rasa d'Aristote ; et il y a quelque chose de solide dans ce que Piaton appelloit la reminiscence. II y a même quelque chose de plus, car nous n’avons pas seulement une reminiscence de toutes nos pensees passées, mais encor un pressentiment de toutes nos pensees futures. II est vray que c’est confusement et sans les distinguer, a peu pres comme lorsque j'entends le bruit de la mer, j'entends celuy de toutes les vagues en particulier qui composent le bruit total, quoyque ce soit sans discerner une vague de l’autre. Ainsi il est vray dans un certain sens que j’ay expliqué, que non seulement nos idées, mais encor nos sentimens naissent de nostre propre fonds, et que Tame est plus independante qu'on ne pense, quoyqu'il soit tousjours vray que rien ne se passe en eile qui ne soit determiné, et que rien ne se trouve dans les creatures, que Dieu ne crée continuellement.

Dans le livre II, qui vient au detail des idées, j’avoue que les rai- sons de M. Lock pour prouver que Fame est quelques fois sans penser a rien, ne me paroissent pas convainquantes, si ce n’est quMl donne le nom de pensees aux seules perceptions qui sont assez notables pour estre distinguees et retenues. Je tiens que l'ame (et même le corps) n’est jamais sans action, et que l'ame n'est jamais sans quelque perception : même en dormant sans avoir des songes, on a quelque sentiment confus et sombre du lieu où l’on est, et d'autres choses. Mais quand Fexperience ne le confirmeroit pas, je crois qu’il y en a demonstration. C’est à peu près comme on ne s'auroit prouver absolument par les experiences, s'il n’y a point de vuide dans Fespace, et s’il n’y a point de repos dans la matiere. Et cependant ces sortes de questions me paroissent decidees demonstrati- vement, aussi bien qu’a M. Lock.