Page:Leibniz - La Monadologie, éd. Bertrand, 1886.djvu/103

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Préformation. — Ce mot désigne une théorie d’après laquelle les êtres sont ingénérables et existent dans les semences ou dans les germes (du moins si l’on excepte les âmes raisonnables pour lesquelles Leibniz fait quelquefois des réserves) de toute éternité. Celle théorie est aussi connue sous le nom d’emboîtement des germes, et cette solution de l’origine des formes était en faveur dans le cartésianisme, notamment chez Malebranche. Elle est aujourd’hui universellement abandonnée, et c’est la théorie de l’épigénèse qui prévaut.

Présomptif. — Voir antécédent.

Réceptivité, nature propre de chaque être, quantité d’essence qui reçoit l’influence de Dieu pour passer à l’existence, mais en bornant cette influence comme le bateau borne et atténue par son chargement l’impulsion que lui donne le courant de la rivière, comme le cylindre inégal et rugueux empêche la main qui le pousse pour le faire rouler de produire tout l’effet qu’elle a la puissance de produire. C’est dans la réceptivité limitée des créatures que Leibniz place l’origine du mal ; il n’a qu’une cause déficiente. Malum habet causam non efficientem sed deficientem.

Symboliser, s’accorder ou se ressembler ; être conforme ou ressemblant à autre chose. Les composés symbolisent avec les simples à cause de l’unité parfaite et de la liaison étroite de toutes les parties de l’univers, liaison et unité qui font que tout ce qui arrive en un point retentit dans tout le reste. Une goutte de vin versée dans la mer pénètre toute la masse liquide, disait Chrysippe. Toutes choses sont causées et causantes… s’entretiennent, dit Pascal : le composé exprime donc d’une manière phénoménale cette unité dans la multiplicité et, si l’on peut lire dans l’âme l’état du corps, on peut de même lire dans le corps l’état interne de l’âme.



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