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Deuxième partie (§ 37 — § 48). Existence et attributs de Dieu. — La Raison suffisante (les Possibles et Dieu) des êtres créés, envisagés au double point de vue de l’essence et de l’existence.

Troisième partie (§48 — § 90). Harmonie et optimisme. — Les Êtres créés considérés comme unis entre eux par l’harmonie préétablie, comme formant un seul Univers, une seule Cité de Dieu et conçus ainsi, non plus dans leur nature individuelle, mais dans leur première cause et leur dernière fin.


PREMIÈRE PARTIE

entéléchies et monades (§1 — §36).


Les monades doivent être considérées dans leur nature et dans leur degré de développement ou de perfection : au premier point de vue, leur nature commune est d’être des forces ; au second point de vue, il y aura lieu de distinguer au-dessous de l’âme humaine (vis sui motrix, sui potens, sui conscia) ou monade douée de raison, des monades inférieures à qui conviendrait le nom d’entéléchies.

(§1 — §7). La monade est une force et diffère ainsi profondément de l’atome qui est une étendue concrète. Cette force est simple, c’est-à-dire sans parties ; elle est inétendue et l’étendue même n’est qu’un phénomène avec lequel la monade ne saurait avoir aucun rapport ; elle est donc conséquemment sans figure et indivisible. La monade est naturellement ingénérable et incorruptible ; en d’autres termes, selon les lois de la nature, elle ne peut ni naître ni périr ; elle ne peut naître que par création, périr que par annihilation. Elle est encore inaltérable et immuable, du moins pour les êtres autres que Dieu et qu’elle-même ; c’est un monde clos et hermétiquement fermé. La monade n’a pas de fenêtres.

(§8 — §17). Les attributs précédents de la monade sont surtout négatifs ; il reste à la caractériser par ses attributs positifs. En premier lieu, elle a des perceptions, c’est-à-dire des modifications internes qui diversifient son intérieur ; quand elle a conscience de ces modifications internes ou perceptions, elles deviennent les aperceptions, c’est-à-dire les perceptions qu’elle aperçoit dans sa substance ; sa vie est donc de passer d’une perception à une autre, suivant une loi interne (lex seriei