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DEUXIÈME PARTIE

existence et attributs de dieu (§36 — §48).


Dieu doit être étudié comme les monades elles-mêmes (il est la monade des monades) au double point de vue de son existence et de ses attributs.

(§37 — §45). La série indéfinie des êtres ne saurait contenir en elle-même la cause et la raison de son existence, puisque chaque être ne les contient pas en soi et n’est qu’une vérité de fait, c’est-à-dire contingente ; c’est la preuve a posteriori dite a contingentia mundi.

Dieu n’est pas seulement la source des existences, mais encore celle des essences. Il faut s’entendre pourtant : les essences peuvent jusqu’à un certain point se concevoir indépendamment de Dieu ; mais leur simple possibilité logique n’a aucun rapport avec l’existence. Or il est de l’essence des véritables possibles de tendre à l’existence, d’y prétendre, et cette tendance qui est déjà un commencement de réalité, ils la tiennent de Dieu ; sans Dieu, il est donc vrai de dire que non seulement rien ne serait réel, mais que rien ne serait vraiment possible ; c’est la preuve fondée sur les essences ou vérités éternelles. Dieu est l’entendement en qui elles subsistent éternellement.

Mais Dieu lui-même, qui rend tels tous les possibles, est-il possible ? Oui, puisque son essence absolument positive ne saurait envelopper rien de contradictoire. Toutefois, n’est-ce pas une possibilité purement logique ? Les autres possibles (logiques) empruntent leur possibilité (réelle) à Dieu. Il faudrait donc que Dieu fût causa sui, et Leibniz ne le dit pas ; il donne, au contraire, à l’entendement la priorité sur la volonté. Il conclut néanmoins que Dieu est l’être dont l’essence enveloppe l’existence, en d’autres termes, qu’il existe par cela seul qu’il est possible ; c’est la preuve ontologique de saint Anselme et de Descartes.

(§46 — § 48). Le Dieu de Leibniz ne crée pas, comme le Dieu de Descartes, les vérités éternelles ; il semble qu’il les trouve éternellement existantes dans son entendement.

Sa volonté, au contraire, crée les êtres contingents en tenant compte du degré de perfection qu’ils ont déjà dans le monde des possibles.