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Leibniz n’est pas un classique ; les fautes de son secrétaire n’ont rien de sacré pour nous, et nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de désapprendre l’orthographe pour apprendre la philosophie. Que pourraient bien gagner nos élèves à ce qu’on écrivît essay, j’ay, la pluspart, paroistre, en effect, adjouter, tousjours, etc., tous exemples empruntés aux six premières lignes de la Préface ?

II

LA VIE ET LES ÉCRITS DE LEIBNIZ

Godefroi-Guillaume Leibniz[1], naquit à Leipsig le 1er juillet 1640 et mourut à Hanovre le 14 novembre 1716. Il était fils de Frédéric Leibniz, jurisconsulte de valeur, professeur de morale à l’université de Leipsig, et de Catherine Schmuek, fille d’un professeur de droit, femme d’un grand mérite qui prit soin de sa première éducation, car il perdit son père à l’âge de six ans. Il perdit sa mère pendant qu’il faisait ses études à l’Université. On a discuté sur la véritable origine de sa famille et l’on n’est pas d’accord sur l’orthographe de son nom. Les uns, se prévalant de la prononciation de ce nom, qui n’est pas douteuse, lui donnent une origine slave ; les autres, par exemple Kuno Fischer, le revendiquent énergiquement pour l’Allemagne, et il est certain que ses ancêtres, au moins jusqu’à son bisaïeul, avaient résidé en Allemagne et même exercé des fonctions officielles.

Leibniz fut un autodidacte dans toute la force du mot. Il lut beaucoup et fort jeune, mais sans critique et guidé uniquement par ses fantaisies et ses préférences. Possesseur d’une assez riche bibliothèque que lui avait laissée son père, tout livre lui était bon et il resta persuadé toute sa vie que dans tout livre il y a du bon. C’est peut-être la première origine de son éclectisme et de son insatiable curiosité. Il apprit comme en se jouant le latin et le grec, l’histoire et les sciences, pour qu’aucun ouvrage des anciens ou des modernes ne lui demeurât

  1. On écrit souvent Leibnitz avec un t. Nous avons opté pour l’autre orthographe : 1o parce que Leibniz signait ainsi son nom comme l’attestent entre autres les fac-similés qui accompagnent son portrait dans les éditions Gerhardt et Erdmann ; 2o parce que cette orthographe semble actuellement prévaloir en Allemagne. Citons seulement Gerhardt, le dernier éditeur de Leibniz, et E. Zeller : Geschichte der deutschen Philosophie zeit Leibniz, Dans la prononciation, il faut se rappeler que z équivaut à tz.