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LXXXV.

EXAMEN DES PRINCIPES

D U

R. P. MALEBRANCIIE.

c. 17 11,

(Des Maizcaux Rccueil iles itiverses pieces e(c. Toni. I. p. 505.

P. 1, p. 201).

Leibn. Opp. eil. Dufens Tom. II.

Theodore etant parti, Ariste re< ;ut uuc visite tle Philarete, aiicien Aini, Doctcur de Sorbonne fort estiine, qui avoit enseigne autrelbis, hi Philo- sophie et ki Theologie a h niocle de TEcoh^, et qui uc uieprisoit pas cependant les decouvertes des Modernes ; niais il y alloit avec beaucoup de cir- conspection et d’exactitucle. II s’etoit uiis daus uue espece de retraite , pour niieux vaguer aux exercices de piete , et il travailloit en menie tenis a Uiettre les verites de la Reli- gion dans leur jour , dont il taclioit de recti- fier et de perfectionner les preuves ; et cela Ten- gageoit a exaniiner avec rigueur celles qu^ou pro- duisoit, afin de marquer en quoi elles avoieut be- soin d’etre suppleees.

Ariste le voyant, s^ecria : O que vous venez a propos, mon clier Philarete, apres une si lon- gue iutcrruption de notre conuoissaucc ! Jc sors duu entretien charmant) dout je voudrois que vous eussie/, ete. Theodorc, ce Theologien excelleut, nfa ravi a moi-meme ; il m"a fait passer de ce Monde corijorel et coiruptiblc, dans un Monde infelligible et etprnel. Cependant qaand j’y pense sans lui, je retombe aisement dans nies auciens jmyuges, et je ne sais quelquefois ou j"cn suis. Personne n’est plus capalile que vous de mc fixer ct de me fairc juger suiement, et pour ainsi dire, tle sang froid. Car je vous avoue que les grandes et belles expressions de Theodore mc touchent, ct m’enleveut ; mais quaud il uux qiiitte, jc nc sais plus couunent jc mc suis eleve si haut ; et jc me sens unc maniere de vertige qui m’mbarrassc.

P h i 1 a r c t c. Lc merite dc Theodorc nrest conuu par scs Ouvragcs, oii il y a quautitc de pen-

j sces graudes et belles : il y en a nieme beaucoup de bien verifiees ; mais il y en a aussi, et des plus fondamcntales , qui auroient encore besoio d’etrc eclaircies davantage. Je ne doute point qu’il ne vous ait dit millc choses propres a vous aider daus le beau desseiu que vous ave/ pris, a ce que j’ap- prens, de quitter les vauites du Moude, le bruit etourdissaut du peuplc, et les entretiens vains et souveut pernicieux des gens mondains, pour vous adouuer aux meditations solides^ qui nous attachent a la vcrtu ct nous menent a la felicite. Ce que j’ai cutcndu dire de votre changement heureux nra engage a vous faire visitc, pour rcuouveller noti’e aucieune liaison ; vous ne me pouvc/ fouruir une meilleure occasion d’entrer en matiere, et de vous montrer mon zele , qu’en me jiarlaut d’abord de ce qui a ete depuis long-tems robjet de mes medita- tions, et qui doit etre uu des j)Ius iuteressans des votrcs. Si vous pouviez vous souvenir de la sub- stance du discours de Theodorc, peut-ctre pour- rois-je vous aidcr a developer une jjartie de notions quil vous a dounees et il acheveroit lui-meme en- suite d"eclaircir et d"etablir cc qui nous paroitroit encore obscur ou douteux.

A r i s t e. Je suis ravi de votre secours, et je tacherai dc fairc unc rccapitulation de ce quc The- odore nfa dit cn substauce ; m^is n’espere/ pas de moi les charmes attaches a tout ce qu’il m"a dit. II a entrepris premierement de nie faire voir quc ce Moi qui pense n’est poiut uu corps, parce quc les pensees ne sout point dcs maticres detrc de retendue, dans laquellc cousisterc ssencc du corps. Jc lui ai demaude de me prouver que mou cor-j^s n’cst que dc i’eteudue : il m’a semblo qu’il uic le