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XIX

compris que Spinoza applique continuellement à faux l’axiome que l’essence de la chose renferme son être et son idée.

Axiome vrai pour les espèces, faux ou du moins inapplicable quand il s’agit des individus. Les individus ne sont pas le fondement des notions distinctes ou des idées claires de Descartes, comme les essences et les espèces ; ils ne sont donc pas en connexion nécessaire avec Dieu ; ils ne sont donc pas le produit de la nécessité, mais du libre décret et de l’inclination raisonnée de leur auteur. « Il est donc faux de dire Éth. p. 1 Prop. XXXIV, que Dieu est de la même nécessité cause de soi et cause de toutes choses. Dieu existe nécessairement, mais il produit librement. Dieu a produit la puissance des choses, mais elle est distincte de la puissance divine. Les choses opèrent elles-mêmes bien qu’elles aient reçu les forces d’agir. »

La réfutation abonde en textes où est énergiquement marquée la liberté de Dieu dans la production du monde. « Il a tort, nous dit Leibniz, parlant de Spinoza, il a tort de dire que le monde est l’effet de la nature divine, bien