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XXV


Leibniz, avec une perspicacité merveilleuse, fait la part de l’erreur et de la vérité qui se mêlent dans cette conclusion. « Il a raison, nous dit-il, parlant de la polémique de Spinoza contre les partisans du bon plaisir et de l’absolutisme, il a raison de ne pas vouloir d’un Dieu indifférent, et décrétant toutes choses par une volonté absolue. Dieu décrète par une volonté qui s’appuie sur des raisons, voluntate rationibus innixa. »

Mais il a tort de ne point reconnaître de bonté en Dieu, et d’enseigner « que toutes les choses existent par la nécessité de la nature divine, sans que Dieu fasse aucun choix. »

« Entre ce qui est nécessaire et ce qui est fortuit, il y a un milieu, c’est ce qui est libre. »

Telle n’est pas la pensée de Spinoza. Après avoir expliqué, comme il le dit, la nature de Dieu, après lui avoir enlevé l’intelligence et la volonté, après avoir réglé sa vie du dedans par la nécessité sourde, sa vie du dehors par un mécanisme brut, il s’adresse aux hommes et il les engage à s’affermir de plus en plus dans la doctrine de la nécessité, à se faire un destin à la