Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LX

sée, et des seconds les modes de l’étendue, il obéissait à cette tendance qui le portait à les identifier et qu’il prenait pour le moyen de les unir. Spinoza croyait arriver sûrement par la voie du panthéisme à la solution du problème de l’accord et de l’ensemble des êtres.

Spinoza se trompait : l’influence outrée de Dieu sur les choses ne vaut rien pour le monde. L’ordre et l’arrangement de l’Univers, ce qu’on appelle le Cosmos, ne saurait être produit par une série d’effets mécaniques fatalement enchaînés les uns aux autres. Le règne des causes efficientes ne suffit pas il faut de plus celui des causes finales, ou la morale est détruite. Les instincts, les penchans, les désirs révèlent de hautes tendances, et ne sauraient ployer sous la force. À un corps agissant suivant les lois du mouvement, répond une âme agissant suivant les lois du bien, et à tout ordre physique un ordre moral correspondant. C’est précisément dans l’accord de ces deux règnes que consiste l’ordre et l’harmonie. Supprimer l’un des deux, comme fait Spinoza, c’est mutiler le monde et ne point résoudre le problème.