Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

champêtre où j’ai passé la fleur de ma jeunesse, l’étude des bons livres… me rendirent dévot presque à la manière de Fénélon.

Et, plus loin, pour signifier sa réforme, il emploie des expressions solennelles, presque toutes d’un caractère religieux :

Tout contribuait à détacher mes affections de ce monde… Je quittai le monde et ses pompes… Une grande révolution venait de se faire en moi, un autre monde moral se dévoilait à mes yeux… C’est de cette époque que je puis dater mon entier renoncement au monde…

Et, de loin, il le croit.

En réalité, sa réforme fut, d’abord, surtout extérieure. Et on ne saura jamais, et sans doute lui-même n’a jamais su pour quelle part y entrait le désir de se distinguer et le désir d’être meilleur.

Il faut dire que c’est au sortir d’une « grave maladie » (mais chez lui on ne les compte plus) qu’il forme le dessein d’accorder sa vie avec ses maximes « sans s’embarrasser aucunement du jugement des hommes », — « dessein le plus grand peut-être, dit-il, ou du moins le plus utile à la vertu que mortel ait jamais conçu ».

D’abord il renonce à la politesse. Mais il a la franchise de nous en donner cette raison :

Ma sotte et maussade timidité que je ne pouvais vaincre, ayant pour principe la crainte de manquer aux bienséances, je pris, pour m’enhardir, le parti de les fouler aux pieds. Je me fis caustique et cynique