Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/142

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Parc, qui touchait la forêt de Montmorency, et où était un joli potager, avec une petite loge fort délabrée, qu’on appelait l’Ermitage. « Ah ! madame, avait dit Rousseau, quelle habitation délicieuse, voilà un asile tout fait pour moi ! » Madame d’Épinay n’avait pas relevé le propos. Mais, quelque temps après, Jean-Jacques, refaisant avec elle la même promenade, trouve, au lieu de la vieille masure, une petite maison presque entièrement neuve. « Mon ours, voilà votre asile ; c’est vous qui l’avez choisi, c’est l’amitié qui vous l’offre. » — Je ne crois pas, raconte Rousseau, avoir été de mes jours plus vivement, plus délicieusement ému : je mouillai de pleurs la main bienfaisante de mon amie.

Madame d’Épinay nous dit qu’il y avait cinq chambres (fort proprement meublées par elle), une cuisine, une cave, un potager d’un arpent, une source, et la forêt pour jardin. Jean-Jacques ne payait pas de loyer. Il payait les gages du jardinier, mais avec l’argent que madame d’Épinay lui remettait pour cela. Seulement, il dut plusieurs fois avancer l’argent. N’importe : le grand ennemi des inégalités sociales, l’homme qui se disait si jaloux de son indépendance restait, même financièrement, l’obligé et l’on peut bien dire le parasite d’une femme de traitant.

D’autre part, le petit monde, le cercle de madame d’Épinay offrait, — comme eût dit Rousseau de tout autre cercle du même genre, — le spec-