Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/173

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à dîner à Paris. Tout se passe très bien. Jean-Jacques est lui-même étonné qu’après de tels orages de passion cette entrevue le laisse si paisible. Il s’avise de trouver Saint-Lambert admirable. Il voit déjà madame d’Houdetot entre Saint-Lambert et lui, comme il verra Julie d’Étanges entre Wolmar et Saint-Preux.

Il fait la connaissance de Malesherbes, qui lui facilite beaucoup l’impression de la Nouvelle Héloïse (parue en 1760 chez Rey, à Amsterdam) et qui indique lui-même les corrections à faire pour que l’ouvrage ait libre cours en France. — Malesherbes lui offre une place de rédacteur au Journal des Savants. Rousseau refuse. Il ne saurait pas écrire à jour fixe et sur un sujet donné. « On s’imaginait, dit-il, que je pouvais écrire par métier comme tous les autres gens de lettres, au lieu que je ne sus jamais écrire que par passion. »

Il commence l’Émile tout de suite après la Nouvelle Héloïse.

On vient le voir de Paris, mais pas trop : juste ce qu’il faut pour le laisser mieux jouir ensuite de sa solitude. Cependant, pour la vingtième fois, il fait des projets de retraite définitive et de renoncement. Il est déterminé, dit-il, « à renoncer totalement à la grande société, à la composition des livres, à tout commerce de littérature, et à se renfermer pour le reste de ses jours dans la sphère étroite et paisible pour laquelle il se sentait né… »