Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/223

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sième que de la morale excellente et traditionnelle qui se rencontrait dans le tome du milieu. Et il arriva bientôt que les formes du roman auparavant en faveur, le roman naïvement romanesque et le roman franchement libertin (qui du moins étaient faciles à distinguer) cédèrent le pas au roman à la fois sérieux et menteur. Et ainsi, au cours des âges suivants, tous les romans où sont affirmés la fatalité et le droit de la passion, tous les romans de mésalliances sociales ou morales, tous ceux où l’amour triomphe, souvent contre la raison, des préjugés ou des convenances de classes, et ceux où le vice parle le langage de la vertu, et ceux où abondent les courtisanes touchantes, et ceux où les personnages se font une morale particulière, supérieure à la morale commune, prennent le sentiment pour la conscience et commettent des actions douteuses avec des discours et des gestes avantageux, tous ces romans où règne ce que j’appellerai « l’illusion sur la moralité des actes », les Indiana, les Lélia, les Jacques et leurs innombrables petits… on peut dire que, directement ou non, — et sans que peut-être ce soit « la faute à Rousseau », — ils découlent de la Nouvelle Héloïse, mère gigogne des sophismes romantiques et des rêves orgueilleux.

Mais, pour ne point finir sur ces mots trop maussades, pour vous faire sentir au bout d’un siècle et demi quel accent nouveau apportait la Julie, je veux vous lire un de ces morceaux que j’appelais « lyriques », une page qui semble un thème tout