Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/265

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Je veux citer d’abord une partie des principes posés par l’auteur, et d’où le reste est déduit :

L’homme est né libre, et partout il est dans les fers (« né libre » ne me présente aucun sens ; mais passons). Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore… Qu’est-ce qui peut le rendre légitime (« le », c’est-à-dire ce changement de l’homme né libre en homme qui n’est plus libre, c’est-à-dire, au bout du compte, le gouvernement, l’institution sociale) ? Je crois pouvoir résoudre cette question.

Il y a, à l’origine des sociétés, un pacte, connu ou supposé. Comment doit se formuler ce pacte ? Quelles en doivent être les clauses, — et ensuite le fonctionnement ?

   …La difficulté peut s’énoncer en ces termes :

Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution.

…Les clauses de ce contrat, bien entendues, se réduisent toutes à une seule, savoir l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté ; car, premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous ; et, la condition étant égale pour tous, nul n’a intérêt de la rendre onéreuse aux autres. (Rousseau en est sûr…) De plus, chacun, se donnant à tous, ne se donne à personne ; et, comme il n’y a pas un associé sur lequel on n’acquière le même droit qu’on lui cède sur soi, on gagne l’équivalent de ce qu’on perd, et plus de force pour conserver ce qu’on a.