Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’y en a plus dans Paris… Les décrotteurs refusent de le décrotter… S’il veut passer l’eau vis-à-vis les Quatre-Nations, on ne passe pas pour lui, même en payant le coche entier… On lui envoie tous les jours des espions sous forme de solliciteurs… On dit aux mendiants de lui rejeter son aumône au nez… On crache sur lui dans la rue toutes les fois qu’on le peut sans être aperçu de lui… On lui donne tous les signes de la haine, en l’accablant des plus fades compliments… En Dauphiné, on écartait de lui toute encre lisible, et celle qu’on lui laissait devenait blanche sur le papier… On ne lui dit que de fausses nouvelles… Pendant huit ans on s’est amusé à le faire voyager à grands frais, lui et sa compagne… On s’arrange pour que, chez les marchands, il paye les denrées moins cher que les autres acheteurs, afin de lui faire publiquement l’aumône malgré lui et de l’humilier… On cherche à l’amener au suicide… On l’accuse de crimes dont il ne peut se défendre, puisqu’il ne connaît pas les accusateurs. Quels crimes ? Il ne sait pas non plus, sinon qu’on raconte qu’il est débauché et atteint d’une maladie honteuse, et qu’il trompe sur le prix de ses copies de musique. — Pour le reste, il ne sait pas, mais il sait qu’on l’accuse, etc., etc… (Et tout cela revient vingt fois dans les Dialogues parce qu’il les écrit sans se relire.)

Qui lui fait toutes ces misères ? « On ». Qui, on ? Tout le monde, les grands, les auteurs, les médecins, les hommes en place, les femmes galantes, — l’Eu-