Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/358

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formé dans les collèges. Un souffle frais et libre entre avec lui dans notre littérature. Son charme est grand. Il dure, et, dans les intervalles de sa rhétorique, se fait sentir encore.

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J’ai dit ses nouveautés heureuses. Je n’ai plus qu’à indiquer son influence posthume.

Dans la politique d’abord. Ce n’est ni Voltaire, ni Montesquieu, et ses disciples qui ont donné sa forme à la Révolution, c’est Rousseau. La théorie de la démocratie absolue et du droit divin du nombre date de lui. La Terreur, c’est (je vous l’ai fait voir) l’application à un grand et vieux royaume d’une théorie de gouvernement rêvée par un sophiste pour une bourgade… Et le bréviaire du jacobinisme, c’est toujours le Contrat Social.

Rousseau fut le dieu de la Révolution. Elle le porte au Panthéon et lui vote une statue ; elle pensionne Thérèse remariée, après la cinquantaine, à un palefrenier. — Vous vous rappelez que, dès 1788, Marat commentait le Contrat social dans les rues et sur les places. Le jargon révolutionnaire, c’est la langue de Rousseau mal parlée. Rousseau enchante le peuple par son affirmation de la bonté des pauvres et de la méchanceté des riches et des grands. On lui rend un culte. Je possède un recueil d’opuscules composés sur Rousseau de 1787 à 1793, qui montre à quel point l’homme est un animal religieux. Il y a le compte rendu d’une fête champêtre célébrée à Montmorency en l’hon-