Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/59

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jusqu’en 1749, il garde sa chambre à l’hôtel, et va passer ses journées chez Thérèse et sa mère. « Sa demeure devint presque la mienne. » En 1749 seulement, il s’installe avec elle dans un petit appartement à l’hôtel de Languedoc, rue de Grenelle-Saint-Honoré, et y demeure pendant sept ans, « jusqu’à son délogement pour l’Ermitage ».

Arrêtons-nous sur Thérèse.

Je crois bien qu’aucun des critiques ou historiens de Rousseau n’a manqué de déplorer sa rencontre avec Thérèse : « Liaison indigne de lui, dit-on, et qui eut la plus triste influence sur son sort. » Il me semble qu’on exagère. La famille de Thérèse a causé à Rousseau de grands ennuis, sans doute. D’autre part, la fécondité de Thérèse a été pour lui l’occasion de l’acte le plus coupable qu’il ait commis. Mais Thérèse elle-même, malgré ses défauts, me paraît bien lui avoir été, pour le moins, aussi douce, aussi consolante et utile que funeste. Et enfin, qu’il ait formé cette liaison, cela s’explique aisément ; et il aurait pu tomber plus mal.

Jeune, Thérèse, dut être assez jolie fille. (Au reste, elle n’est pas laide sur le seul portrait qu’on ait d’elle, et qui la représente à cinquante ans environ.) Nous parlant une fois de Diderot, Jean-Jacques nous dit, dans un esprit de rivalité assez divertissant :

Il avait une Nanette ainsi que j’avais une Thérèse ; c’était entre nous une conformité de plus. Mais la différence était que ma Thérèse, aussi bien de figure