Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/69

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Moi-même, jadis, je raisonnais ainsi :

— Nulle autre preuve que les aveux de Rousseau, aveux faits sans nécessité, « pour que mes amis, dit-il, ne me crussent pas meilleur que je n’étais ». — « Je le dis à tous ceux à qui j’avais déclaré nos liaisons, je le dis à Diderot, à Grimm, je l’appris dans la suite à madame d’Épinay, et dans la suite encore à madame de Luxembourg, sans aucune nécessité et pouvant aisément le cacher à tout le monde. » — Cela est un peu étrange : car, qu’il l’ait dit « sans nécessité et pouvant le cacher », cela signifie que, de 1747 à 1755, aucun de ses amis, aucune de ses belles amies qui s’amusaient à visiter Thérèse ne s’étaient aperçus d’aucune des cinq grossesses. En somme, si l’on en croit Rousseau, il le dit tout justement parce que, s’il ne l’avait pas dit, personne ne s’en serait douté.

(Thérèse l’avait dit, raconte-t-il, à madame Dupin, et cela fait une difficulté : mais on peut croire ici Thérèse stylée par lui, et que, par suite, les aveux de Thérèse ne sont pas plus une preuve que les aveux de Jean-Jacques.)

En 1761, madame de Luxembourg a l’idée de retrouver les enfants de Rousseau. Elle lui demande quelles sont les dates et les marques de reconnaissance. Il lui écrit à ce sujet :

Ces cinq enfants ont été mis aux Enfants-Trouvés avec si peu de précautions pour les reconnaître un jour, que je n’ai pas même gardé la date de leur naissance.

Cela est-il bien possible ? et Thérèse aussi l’a-