Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

préoccupation de soutenir l’imposture ou le trouble d’une âme peu à peu envahie par le remords.)

La première fois qu’il en parle dans ses Confessions (un peu plus de vingt ans après l’acte), c’est d’un ton léger et presque avec désinvolture. Il s’excuse sur l’influence de la mauvaise compagnie qu’il rencontrait à la table d’hôte de madame La Selle :

J’y apprenais des foules d’anecdotes très amusantes, et j’y pris aussi, peu à peu, non, grâce au ciel, jamais les mœurs, mais les maximes que j’y vis établies. D’honnêtes personnes mises à mal, des maris trompés, des femmes séduites, des accouchements clandestins, étaient là les textes les plus ordinaires ; et celui qui peuplait le mieux les Enfants Trouvés était toujours le plus applaudi. Cela me gagna, je formai ma façon de penser sur celle que je voyais en règne chez des gens très aimables, et dans le fond très honnêtes gens, et je me dis : « Puisque c’est l’usage du pays, quand on y vit, on peut le suivre. » Voilà l’expédient que je cherchais. Je m’y déterminai gaillardemment sans le moindre scrupule ; et le seul que j’eus à vaincre fut celui de Thérèse, à qui j’eus toutes les peines du monde de faire adopter cet unique moyen de sauver son honneur( !) Sa mère, qui de plus craignait un nouvel embarras de marmaille, étant venue à mon secours, elle se laissa vaincre.

On la mène chez une sage-femme prudente et sûre, la Gouin, où elle fait ses couches. — « L’année suivante (1748), même inconvénient et même expédient, au chiffre près qui fut négligé. » (Donc insouciance plus grande encore.) « Pas plus de