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preuve des enfants abandonnés que les récits des Confessions.

Et dans la lettre à madame de Chenonceaux (17 janvier 1770) :

Jamais on ne me verra falsifier les saintes lois de la nature et du devoir pour exténuer (atténuer) mes fautes. J’aime mieux les expier que les excuser.

(Il est vrai qu’après cela il revient à ses mauvaises excuses.)

Enfin, dans sa lettre du 26 février 1770 à M. de Saint-Germain, qui est une sorte de confession générale :

L’exemple, la nécessité, l’honneur de celle qui m’était chère me firent confier mes enfants à l’établissement fait pour cela, et m’empêchèrent de remplir moi-même le premier, le plus saint des devoirs de la nature. En cela, loin de m’excuser, je m’accuse… Je ne fis point un secret de ma conduite à mes amis, ne voulant pas passer à leurs yeux pour meilleur que je n’étais. Quel parti les barbares en ont tiré ! Avec quel art ils l’ont mise (ma conduite) dans le jour le plus odieux !… Comme si pécher n’était point de l’homme, et même de l’homme juste ! Ma faute fut grave sans doute, elle fut impardonnable, mais aussi ce fut la seule, et je l’ai bien expiée.

Il n’y a peut-être pas là « contrition parfaite », mais enfin, il y a trouble et repentir, — comme aussi dans l’audacieuse allusion qu’il fait publiquement à l’abandon de ses enfants, au livre Ier de l’Émile. — Si l’histoire des cinq enfants abandonnés était une « simulation », il faut avouer que