Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vérité familière, de simplicité pittoresque, de « réalisme » qu’elle peut en admettre. Les Humbles sont bien à lui et, dans une histoire du mouvement naturaliste de ces vingt dernières années, il ne faudrait point oublier son nom.

Ce qu’il pourrait nous donner maintenant et ce que quelques-uns attendent de lui, ce serait quelque poème intime et domestique plus impersonnel qu’Olivier, d’une action plus étendue et plus complexe que les historiettes des Humbles, où pourraient alterner des peintures de moeurs parisiennes et provinciales, populaires et aristocratiques ; un poème de la vie d’aujourd’hui et qui ne ferait pas double emploi avec le roman contemporain, car il n’en prendrait que la .

    et

      les parenthèses de notre poète) prête à la parodie. Un de mes amis, qui
      d’ailleurs aime fort Coppée, s’amusait jadis à ce genre de plaisanterie
      facile :

     SONNET-COPPÉE :
    

      L’autre jour — et vous m’en croirez si vous voulez,
      Car un événement simple est parfois bizarre, —
      Ayant sous le bras deux paquets bien ficelés,
      Je me dirigeais du côté de Saint-Lazare.

      Après avoir avoir pris mon billet sans démêlés,
      J’entre dans un wagon et j’allume un cigare
      D’un sou. Le train — nous en étions fort désolés, —
      Étant omnibus, s’arrêtait à chaque gare.

      Soudain il siffle et fait halte. Au même moment
      Un monsieur, pénétrant dans mon compartiment,
      Prend les billets ainsi qu’on ferait une quête ;

      — Et moi, content de voir enfin ma station,
      Je remets mon billet sans contestation
      À l’employé portant un O sur sa casquette.