Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/146

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s’appellent bourgeoisement Renaux ou Durand[1]. Je ne prétends pas que ce naturalisme donne beaucoup de naturel à leurs conversations ; mais il suffit que l’auteur écrive ainsi naturellement. Du reste, il n’aime ni ne décrit guère que les paysages du Midi, les paysages provençaux, si pareils aux sites de la Grèce[2]. Il ne cache point son parti pris contre la nature du nord, la nature des pays de sapins, nourrice des rêves mystiques, des sentiments anti-humains, des songes vagues et des mœurs dures. L’amour se déroule librement sous le soleil, qui l’encourage. Les frères, avec une simplicité de demi-dieux, s’intéressent aux amours de leurs sœurs et s’y entremettent[3]. Dans cet heureux monde, Juliette et Roméo ne meurent point et réconcilient Montaigus et Capulets[4]. Et, s’il se trouve à la Sainte-Baume un ermite, c’est encore un ermite naturaliste[5].

Naturalisme, paganisme, néo-hellénisme, tous ces mots conviennent également pour désigner l’esprit des livres de Mme Juliette Lamber : mots assez flottants et malaisés à définir. Cela nous avertit qu’il ne s’agit pas précisément d’un système philosophique, d’une théorie de l’univers et de la vie, mais plutôt d’un état intellectuel et sentimental. On verrait

  1. Récits du golfe Juan : la Pêche au feu.
  2. Récits du golfe Juan : Voyage autour d’un grand pin.
  3. Jean et Pascal : la Pêche au feu.
  4. Récits du golfe Juan : Font-Bouillant.
  5. Voyage autour d’un grand pin.