Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/162

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dans le ton des Incas, d’Atala et des Martyrs, — et l’on sait assez que cette prose-là n’est point trop grecque.


IV

Ainsi tout nous échappe, et il semble que, contre notre attente, nous poursuivions une ombre. Nous n’avons trouvé dans aucun des éléments séparés de l’œuvre de Mme Juliette Lamber l’hellénisme dont ces éléments réunis nous donnaient pourtant l’idée. Du moins il nous a paru si intimement mêlé à d’autres idées et à d’autres sentiments qu’il était à peu près impossible de l’y distinguer nettement et de l’isoler. Chaque passion, chaque impression, chaque phrase, pourrait-on dire, a visiblement trois mille ans de plus qu’un vers d’Homère et vingt-quatre siècles de plus qu’un vers de Sophocle, et montre à qui sait voir, comme un signe involontaire et indélébile, l’affinement de son époque. Qu’y a-t-il donc de grec dans la composition de ce paganisme, et comment se fait-il que ce qui n’est dans aucune des parties respire (on ne peut le nier) dans le tout ?

Ce qui augmente encore l’embarras, c’est qu’il y a plus d’une façon d’entendre ce mot de paganisme. Écoutez une anecdote. C’était dans une maison où Théophile Gautier, M. Chenavard et M. Louis Ménard, l’auteur de la Morale avant les philosophes, se trouvaient ensemble à dîner.