Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les quatre premiers vers sont, par l’arrangement des rimes, un quatrain que dépasse la fin d’une phrase, apportant une rime nouvelle : c’est donc une sorte d’enjambement d’une strophe sur l’autre… Tout le long du recueil quelque chose d’assez difficile à préciser trahit chez le poète une vocation de prosateur.

Classique par le naturel de sa prose, par le bon aloi de son vocabulaire et par la simplicité du rythme de ses phrases, M. de Maupassant l’est encore par la qualité de son comique. Je crains de l’avoir tout à l’heure étrangement poussé au noir. Mettons seulement qu’il n’a pas la gaîté légère ; que, les choses ayant souvent deux côtés (sans compter les autres), celles dont il a coutume de nous faire rire ne sont guère moins lamentables que risibles, et qu’enfin ce qui est ou paraît si comique, c’est presque toujours, en dernière analyse, quelque difformité ou quelque souffrance physique ou morale. Mais cette espèce de cruauté du rire, on la trouverait chez les plus grands rieurs et les plus admirés. Et puis il y en a bien aussi, de ces contes, qui sont purement drôles et sans arrière-goût. Bref, si M. de Maupassant n’est pas médiocrement brutal, il n’est pas non plus médiocrement gai. Et son comique vient des choses mêmes et des situations ; il n’est pas dans le style ni dans l’esprit du conteur : M. de Maupassant ne fait jamais d’esprit et peut-être n’en a-t-il pas, au sens où l’entendent les boulevardiers. Mais quoi ! il a le don, en