Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/331

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pas, où l’on rentre le plus tard possible, le soir. Et toujours la même outrance morose : M. Folantin a trois mille francs d’appointements, il ne peut pas avec cela dîner tous les jours au café Riche ; mais les gens simples auront peine à croire qu’il ne puisse manger, quelquefois, d’assez bonne viande. Seulement, voilà, même quand il demande des oeufs sur le plat, ils sont ignobles. On ne les fait pourtant pas exprès pour lui. C’est un sort.

Ce Folantin est bien extraordinaire. Ce petit employé, qui nous est présenté comme un bonhomme quelconque, a cependant, en littérature, les opinions de des Esseintes. Le Théâtre-Français dégoûte ce plumitif. Un ami l’ayant emmené à l’Opéra-Comique, il trouve Richard idiot et le Pré-aux-Clercs « nauséeux ». « M. Folantin souffrait réellement. »


III

Deux histoires de filles ; l’histoire d’un monsieur qui a la diarrhée ; l’histoire d’un monsieur qui ne veut pas coucher seul et celle d’un autre monsieur qui veut de la viande propre : voilà en résumé l’œuvre romanesque de M. Huysmans. Si j’ajoute que ces basses histoires sont contées dans un style à la fois violent et recherché, on avouera que cette littérature est bien déjà le comble de « l’artificiel ». Désormais M. Huysmans est mûr pour son œuvre maîtresse :