Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/113

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« C’est dans ce jardin que j’appris, en jouant, à connaître quelques parcelles de ce vieil univers. »

Voici un jeune couple qui revient de la promenade :

Les voici qui reviennent de la forêt en se donnant le bras. Jeanne est serrée dans son châle noir et Henri porte un crêpe à son chapeau de paille ; mais ils sont tous deux brillants de jeunesse et ils se sourient doucement l’un à l’autre, ils sourient à la terre qui les porte, à l’air qui les baigne, à la lumière que chacun d’eux voit briller dans les yeux de l’autre. Je leur fais signe de ma fenêtre avec mon mouchoir, et ils sourient à ma vieillesse.

Sentez-vous comme chaque petit tableau s’agrandit et comme l’univers vient s’y mêler tout entier ?

Étoiles qui avez lui sur la tête légère ou pesante de tous mes ancêtres oubliés, c’est à votre clarté que je sens s’éveiller en moi un regret douloureux. Je voudrais un fils qui vous voie encore quand je ne serai plus.

Est-il possible de faire tenir plus de contemplation dans un regret, et plus de pensée dans un simple regard aux étoiles ?

Mais cette science, qui est à la fois ironie et tendresse et qui agrandit tous les sentiments et toutes les impressions, est la science d’un vieux savant, d’un membre de l’Institut. De là, en maintes occasions, des effets d’un comique délicat et savoureux par le contraste inattendu que font avec certaines