Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/124

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le soir à l’Éden-Théâtre après avoir flâné sur les boulevards a pu, s’il sait voir, apprendre des choses qui ne sont pas dans les manuels.


I

Des hommes crient à l’entrée de l’église : « Demandez la dernière conférence du Père Monsabré in extenso !  » Ils prononcent : in extanso. Près de la porte, des photographies du prédicateur sont exposées, comme aux vitrines du Gil Blas les portraits des actrices, « des mouquettes » et de M. le comte Irison d’Hérisson.

On entre et tout de suite on se sent enveloppé de mystère, de paix, de demi-ténèbres très douces éclairées par les pierres précieuses des vitraux, d’où semble rayonner une lumière qui leur est propre. Les colonnes jaillissent tout droit comme des arbres de sept cents ans (la vieille comparaison est inévitable), et par les arcades de la grande nef on voit les doubles rangs de piliers des nefs latérales pêle-mêle, avec des percées et des allées tournantes comme dans une forêt. Le maître-autel semble loin, très loin, et les verreries du fond sont comme une aurore fantastique entrevue au bout d’une haute futaie.

    Notre-Dame !
    Que c’est beau[1] !

  1. Victor Hugo, le Pas d’armes du roi Jean.