Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/135

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III

Quelques-uns d’entre vous (dit le Père Monsabré dans sa première conférence), plus amis des spéculations qui font voyager l’âme au dehors que des vérités qui la ramènent sur elle-même, trouveront peut-être que je me suis attardé à des matières de prône et de catéchisme : j’en suis fâché pour eux. S’imaginaient-ils que j’allais réfuter et gourmander ceux pour qui il n’y a pas de Dieu à offenser, pas de grâce à perdre, pas d’âme à déshonorer ? À quoi bon ? Ces bêtes à face humaine font profession de n’obéir qu’aux fatalités de la matière. Il faudrait les rendre accessibles à la honte et au remords avant de leur parler de pénitence. C’est a des hommes raisonnables et à des chrétiens que je me suis adressé.

Le Père est dans le vrai, sauf une phrase qui dépasse certainement sa pensée, car on n’est pas nécessairement une « bête à face humaine » pour être en dehors de la foi catholique. Il a raison de ne prêcher que pour les croyants, puisqu’il n’a plus, comme j’ai dit, que des croyants autour de sa chaire et qu’il perdrait sa peine à haranguer des absents. Maintenant, est-ce son genre de prédication qui a éloigné les indifférents et les curieux ? ou est-ce au contraire leur abstention qui lui a fait adopter des façons plus dogmatiques ? Je ne sais. Je crois pourtant qu’il aurait du mal, quand il le voudrait et quand il ferait tout pour cela, à réunir un auditoire analogue à celui de