Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/158

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prouvent rien : savons-nous s’il avait toujours été si heureux parmi des hommes si graves et si hantés de la pensée du péché originel ? De plus, peut-on soutenir que Nicole n’eût point visé particulièrement Racine en traitant les poètes d’empoisonneurs publics ? Notez que Racine ne s’attaque qu’aux petits ridicules de ses maîtres et ne dit rien qui les déshonore. Et si Racine était peut-être le dernier à qui il fût permis d’avoir raison contre Port-Royal, n’est-ce pas, malgré tout, quelque chose d’avoir raison ? Les deux lettres (la seconde non publiée, mais gardée en portefeuille par une faiblesse bien humaine) sont assurément regrettables : c’est beaucoup trop d’aller, en en parlant, jusqu’à l’indignation.

Sur sa brouille avec Molière, nous n’avons que la version de Lagrange, et qui n’entend qu’une cloche… Et si Racine enleva la Du Parc à Molière, c’est apparemment qu’elle le voulait bien. Il ne faut pas oublier que Molière se vengea en jouant sur son théâtre la Folle querelle de Subligny, et que plus tard les deux poètes se réconcilièrent, comme on le voit par le prologue de la Psyché de La Fontaine : cela prouve, sans doute, la bonté de Molière, que personne ne conteste ; mais cela montre peut-être aussi que la conduite de Racine n’avait pas été si noire ni si impardonnable.

« L’allusion (malevolus poeta) n’est que trop claire, dit M. Deschanel à propos de la première préface de Britannicus. Voilà les petits côtés de l’humanité,