Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/169

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inférieur du tragique n’équivaut au comique, ni le degré supérieur du comique n’équivaut au tragique. Et enfin, que la distinction des genres soit légitime ou non, on ne peut nier que Racine, comme Molière, ne l’ait très soigneusement observée.

Naturellement, ce qui, dans les Plaideurs, paraît romantique à M. Deschanel, c’est la versification. Et il est vrai qu’on ne saurait la souhaiter plus souple ni plus hardie. Mais on aurait le droit de contester la justesse de quelques-uns des rapprochements que les vers des Plaideurs suggèrent à M. Deschanel.

Que de fois, il y a cinquante ans, on a cité comme choses phénoménales tel ou tel enjambement de Victor Hugo ! par exemple, au second vers d’Hernani, la duègne entendant frapper à la porte secrète :

    Serait-ce déjà lui ? C’est bien à l’escalier
    Dérobé ?

Que n’a-t-on pas dit sur ce rejet-là ? Eh bien ! nous en avons ici un tout pareil :

    Mais j’aperçois venir madame la comtesse
    De Pimbesche[1].


Mais qui ne voit que le mot qui enjambe ici « de Pimbesche », a une grande importance, une valeur pittoresque et comique, tandis que l’épithète « dérobé » n’en a absolument aucune ?

« Tout cela n’est pas mis au hasard, » dit M. Des-

  1. I, p. 149.