Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/202

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thèse, et vous obtiendrez cette maxime, qui vous a un air fin et qui en vaut une autre : L’amitié naît des confidences, et elle en meurt.

« Ou bien le mot larme vous vient à l’esprit, et il suscite immédiatement le mot sourire. Vous marmottez : Il y a des larmes…, il y a des larmes…, et, comme vous ne voulez rien dire de commun, vous trouvez d’abord, je suppose : Il y a des larmes qui remercient. La pensée est faite ; vous n’avez qu’à ajouter : et des sourires qui reprochent. À moins que vous ne préfériez des larmes qui disent au revoir et des sourires qui disent adieu, ou des larmes qui rient et des sourires qui pleurent. Cela n’est point de première force ; mais à la dixième tentative je trouverais peut-être mieux, et d’ailleurs je ne m’occupe ici que du procédé.

« Nous appellerons cela la pensée antithétique. »

« D’autres fois on s’applique à ébouriffer ses contemporains ; on contredit brusquement, sans crier gare, le sens commun et les impressions les plus naturelles. Par exemple, on s’écrie tout à coup : Il n’est pire orgueil que l’humilité chrétienne, ou encore : La vertu est le plus odieux des calculs parce qu’il est le plus sûr. Presque toujours ces boutades ont un air profond. Quand elles risquent d’être trop impertinentes, on ajoute : souvent, quelquefois ; il est des cas

« Nous appellerons cela la pensée paradoxale. »

« Après le genre tranchant, fendant, le genre suave, poétique, idéaliste. On avise quelque sentiment ou quelque façon d’agir particulièrement honorable, et