Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/273

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loppées, et dès janvier 1858, dans le plus long chapitre de ses Essais sur l’histoire de la littérature française. Il a d’ailleurs repris maintes fois et résumé ce chapitre célèbre :

…Le second Augier (celui des Effrontés, des Lionnes pauvres, etc.) est le produit d’un moment spécial de nos mœurs et de nos idées, et d’un moment triste. Ça été le moment du positivisme dur et brutal dont nous ne sommes pas sortis et qui a été l’un des fruits de la révolution de 1851. Ce moment s’est marqué dans Madame Bovary, dans les Faux bonshommes, le Demi-Monde, le Fils naturel, les écrits philosophiques et historiques de M. Taine, toutes œuvres que caractérisent la conception mécanique de l’âme humaine, un mépris superbe de l’homme, un style sec et tranchant, circonscrit dans la notation impassible des effets et des causes.

Ce passage et beaucoup d’autres du même genre nous font parfaitement comprendre les jugements portés par M. Weiss sur le théâtre de « l’époque actuelle ». Au fond, il n’aime d’Augier que ses comédies en vers. De Dumas fils, il n’aime sincèrement que la Dame aux camélias, et un peu Diane de Lys : le reste lui est désagréable. Il faut relire les deux études, d’une injustice pleine de sagacité, qu’il a consacrées à Dumas fils et à Flaubert dans ses Essais. Il s’insurge à la fois contre leur observation sans entrailles et contre l’immoralité de leur morale qui inflige au vice, froidement et sans un mot de plainte, un châtiment fatal comme lui. Il réclame pour Mme Bovary ; à plus forte raison