Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/289

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faire ? Il faudrait prendre le mot « charmant », le nettoyer de sa banalité et comme le frapper à neuf ; puis, ainsi rajeuni, le mettre pour tout commentaire au bout de ces Contes. Essayons pourtant quelques remarques.


III

Nombre de ces petites histoires sont extrêmement simples, mais aucune n’est banale et beaucoup sont singulières et rares. Il n’en est pas une, je crois, dont on puisse dire : « C’est joli, mais ça ressemble à tout, » ou « Tiens ! j’ai déjà lu ça quelque part. » Jamais M. Alphonse Daudet ne tombe dans cette banalité, soit de la fable, soit de la description ou du sentiment, à laquelle n’échappent pas toujours les écrivains qui inventent, et même les plus grands. C’est, encore une fois, que tout ce qu’il conte ou décrit, il l’a vu et noté, ou induit directement de ce qu’il avait vu. Il est vrai que sa façon de regarder est une création et que son œil sait découvrir au point qu’il paraît inventer. « Plus on a d’esprit, dit La Bruyère, plus on trouve d’originaux. » Ajoutons : Et plus l’on découvre autour de soi de situations originales. Or, comme M. Alphonse Daudet a beaucoup d’esprit et qu’il est toujours à l’affût, il s’arrête et s’intéresse à des détails qui nous échapperaient ou que nous remarquerions à peine ; il nous fait trouver curieuses par la façon dont il nous les présente des choses