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LECONTE DE LISLE.


degré de précision dans le rendu. — La versification, par sa régularité classique, ajoute encore à la netteté sereine de la forme. Elle exclut également et le rythme parfois saccadé de Hugo et le rythme souvent lâché de Banville, qui risquent d’inquiéter l’oreille et par làde troubler la quiétude de l’esprit. Peu de rejets. Le plus grand nombre des vers coupés après l’hémistiche. Çà et là une coupe romantique, la moins contestable, celle qui divise le vers en trois groupes équivalents de syllabes. Les périodes toujours assez courtes pour qu’il soit très aisé d’en embrasser le dessin. Des arrangements de rimes fort simples : rimes plates, quatrains en rimes croisées ou embrassées, tierces rimes, qui, par l’enlacement ininterrompu et la lenteur sans repos, semblent faites exprès pour un poète comme Leconte de Lisle et conviennent singulièrement à la démarche de son inspiration. Ajoutez une strophe de cinq vers dont il est, je crois, l’inventeur, et à qui la prédominance des rimes masculines donne beaucoup de force et de gravité. Quant aux rimes elles-mêmes, elles sont constamment d’une grande richesse, surtout dans les Poèmes barbares, et souvent d’une rareté à ravir les gens du métier (voyez en particulier les Paraboles de dom Guy, le Conseil du Fakir et les trois pièces espagnoles). En somme, il est visible que M. Leconte de Lisle a voulu multiplier les symétries faciles à saisir dans le rythme — et dans les rimes, où la consonne d’appui fait une symétrie