Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/269

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ments de guerre, laisser pénétrer du chloroforme dans une place assiégée, le chloroforme étant un dérivé de l’alcool (sic).

Il restait à Félizet un petit flacon du précieux liquide. Il pensa que le plus simple et le plus juste était de ne faire aucun choix parmi les blessés à opérer, mais d’endormir, s’ils le demandaient, les premiers qui lui seraient adressés par le hasard.

Ce fut d’abord un petit soldat qui avait une main fracassée. Il fallait lui couper l’avant-bras.

« Ah ! monsieur le major, dit l’homme, vous me ferez respirer quelque chose pour m’endormir, n’est-ce pas ? — Mais, dit le docteur, nous n’en avons plus guère, et il y a des camarades encore plus mal arrangés que vous, et à qui il faudra faire des opérations plus compliquées. Si vous étiez bien courageux… — Oh ! non, je suis trop faible, j’ai perdu trop de sang, je ne peux pas… monsieur le major, je vous en prie… — Eh bien, mon garçon, puisque vous le voulez, on vous endormira. »

Mais, pendant que le docteur fait ses préparatifs, le petit soldat réfléchit et, tout à coup : « Nom d’une pipe ! c’est tout de même trop mufle d’être lâche comme ça !… Ne m’endormez pas, monsieur le major ; ça serait honteux ! »

Voici maintenant un mot d’officier. C’est un capitaine horriblement blessé ; l’opération doit être longue. « Capitaine, dit Félizet, nous allons vous