Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/39

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qu’elles exercent sur l’homme, d’assurer la perpétuité de l’espèce. Il réduit donc au minimum l’éducation de Camille.

«… Il s’agissait de favoriser avant toute chose le développement physiologique de l’enfant, surtout au passage périlleux de la puberté ; il fallait, en un mot, la rendre capable d’être épouse et d’être mère. Pour le développement de l’esprit, un enseignement élémentaire suffirait… Quant à la morale féminine, Jaufre la trouvait résumée dans l’horreur du mensonge, le désir du mariage et le culte du foyer : ce qu’avaient eu sa mère et sa femme. Il oubliait leur foi religieuse. Ainsi façonnée, pensait-il, une femme ne peut devenir coupable que par l’insouciance ou l’infidélité du mari. »

Qu’en arrive-t-il ? La belle Camille, qui n’est qu’un joli et tendre animal, d’une douceur toute moutonnière et passive, se laisse prendre, presque sans résistance ni révolte, par un hardi garçon, un officier d’artillerie, qui disparaît lorsqu’il la sait enceinte. Camille l’aimait-elle ? Elle ne sait ; elle l’a subi, voilà tout. Revient alors son petit ami d’enfance, Louiset. Il aime toujours Camille, et voilà que Camille se remet à l’adorer et qu’elle se laisse épouser sans rien dire. Mais elle ne peut longtemps cacher son mensonge, et Louiset part, désespéré.

Je vous supplie de ne point juger trop durement la pauvre belle créature. Elle fait des choses abominables sans nous devenir odieuse. Comment, en cédant à l’officier brun, elle obéit à une volonté plus forte que la sienne ; comment cette première