Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/139

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M. de Pomairols observe aussi que, dans l’immense champ des images, « Lamartine choisit spontanément

 Tout ce qui monte au jour, ou vole, ou flotte, ou plane,

parce que, occupé avant tout de l’âme, il se plaît à retrouver au dehors les attributs de légèreté, de souplesse, de transparence de l’élément spirituel. » Et encore : « C’est l’élément liquide qui fournit à Lamartine le plus grand nombre de ses images… Tous les phénomènes qu’offre la fluidité, aisance, transparence, reflets du ciel, murmures harmonieux, défaut de saveur peut-être, manque de limites et de formes arrêtées, tous ces caractères de la fluidité se confondent avec les attributs de l’imagination lamartinienne. » Et voici, entre beaucoup d’autres, un exemple bien joliment choisi et commenté, à l’appui de ces remarques : « Il est des êtres, semble-t-il, pour qui l’idée de pesanteur n’est pas à craindre, comme la jeune fille. Voyez pourtant comme Lamartine l’allège encore par l’image :

  Son pas insouciant, indécis, balancé,
  Flottait comme un flot libre où le jour est bercé.

« Comme il s’élève en deux vers sur l’échelle diaphane : un pas, un flot, le jour ! » « Le but secret et le résultat de toutes ces images, c’est l’allègement de la sensation. »